Peu avant la sortie de Mank, le nouveau film de David Fincher dans lequel elle est en tête d’affiche, Lily Collins a donné rendez-vous au légendaire créateur de mode Alber Elbaz pour discuter de l’incroyable succès d’Emily in Paris et de leurs projets d’avenir respectifs.

Photographie par Sam Taylor-Johnson 
Stylisme par Jay Massacret&nbsp;

Lorsque&nbsp;<a href="https://www.lofficiel.com/industry-trends/lily-collins-cover-lofficiel-albert-elbaz" target="_blank">Lily Collins</a> a pos&eacute; ses valises &agrave; Paris il y a plus d&rsquo;un an et demi pour tourner&nbsp;<a href="https://www.lofficiel.com/pop-culture/emily-in-paris-deuxieme-saison-netflix" target="_blank">Emily in Paris</a>&nbsp;&ndash; la s&eacute;rie &agrave; succ&egrave;s de Darren Star &ndash;, la capitale fran&ccedil;aise n&rsquo;&eacute;tait pas telle qu&rsquo;elle l&rsquo;avait imagin&eacute;e. N&eacute;e dans le Surrey, la fille de Phil Collins a grandi &agrave; Los Angeles, et lorsqu&rsquo;elle s&rsquo;est install&eacute;e &agrave; Paris pour interpr&eacute;ter le r&ocirc;le d&rsquo;Emily &ndash; une jeune et ambitieuse consultante am&eacute;ricaine qui tente de faire ses preuves dans le monde du luxe &agrave; Paris &ndash;, la ville lui semblait plus paisible que d&rsquo;habitude. La chaleur du mois d&rsquo;ao&ucirc;t avait fait fuir les Parisiens vers le sud de la France; Lily et l&rsquo;&eacute;quipe de tournage ont donc quasiment eu la capitale rien que pour eux. <a href="https://www.lofficiel.com/industry-trends/alber-elbaz-tods" target="_blank">Alber Elbaz</a> se souvient avoir v&eacute;cu une exp&eacute;rience similaire lorsqu&rsquo;il a quitt&eacute; New York pour Paris la premi&egrave;re fois.&nbsp;&ldquo;Je me disais : mais voyons, o&ugrave; sont les gens?&rdquo;&nbsp;&Agrave; cette &eacute;poque, au milieu des ann&eacute;es 90, le cr&eacute;ateur avait travers&eacute; l&rsquo;Atlantique pour venir travailler chez Guy Laroche. Il allait par la suite rejoindre <a href="https://www.lofficiel.com/fashion/eternel-saint-laurent" target="_blank">Yves Saint Laurent </a>avant de r&eacute;aliser un coup de ma&icirc;tre en revisitant la maison <a href="https://www.lofficiel.com/industry-trends/lanvin-nomme-son-nouveau-directeur-artistique" target="_blank">Lanvin</a> &ndash; et la mode f&eacute;minine telle que nous la connaissons. Pr&eacute;sent&eacute;s par le biais d&rsquo;un ami commun, <a href="https://www.lofficiel.com/shopping/alber-elbaz-a-fait-des-baskets-converse" target="_blank">Alber&nbsp;Elbaz</a> et Lily Collins se sont vus r&eacute;guli&egrave;rement pendant le tournage de la s&eacute;rie.&nbsp;&ldquo;&Agrave; un moment donn&eacute;, je me suis m&ecirc;me demand&eacute; si je faisais partie du casting &agrave; mon insu&rdquo;,&nbsp;dit-il en riant.&quot;

Apr&egrave;s le succ&egrave;s fulgurant de la s&eacute;rie qui a donn&eacute; lieu &agrave; de nombreux memes sur les r&eacute;seaux sociaux, Lily Collins a temporairement retir&eacute; son b&eacute;ret pour se consacrer au dernier film de David Fincher,&nbsp;<a href="https://www.lofficiel.com/pop-culture/mank-nouveau-film-david-fincher-netflix-gary-oldman-oscars" target="_blank">Mank</a>,&nbsp;qui pourrait marquer un tournant d&eacute;cisif dans sa carri&egrave;re. Cette &oelig;uvre biographique raconte la relation tumultueuse entre Herman J. Mankiewicz, le sc&eacute;nariste de&nbsp;Citizen Kane,&nbsp;et le r&eacute;alisateur Orson Welles. Lily interpr&egrave;te Rita Alexander, la charmante secr&eacute;taire de Mankiewicz, et donne la r&eacute;plique &agrave; Gary Oldman qui incarne Mankiewicz. Le film tourn&eacute; en noir et blanc&nbsp;a &eacute;t&eacute; &eacute;crit par Jack Fincher, le d&eacute;funt p&egrave;re du r&eacute;alisateur, et glorifie le style magistral des anciens films de Hollywood.&nbsp;&Agrave; Paris, Alber Elbaz est &eacute;galement sur le point d&rsquo;entamer un nouveau chapitre de sa vie. Depuis son d&eacute;part de Lanvin en 2015, l&rsquo;influent cr&eacute;ateur s&rsquo;est volontairement tenu &agrave; l&rsquo;&eacute;cart du pr&ecirc;t-&agrave;- porter, et s&rsquo;est uniquement d&eacute;di&eacute; &agrave; quelques collaborations dans les domaines de la beaut&eacute;, des chaussures et du cin&eacute;ma. Aujourd&rsquo;hui, il revient sur le devant de la sc&egrave;ne en lan&ccedil;ant AZ Factory, sa propre marque tr&egrave;s attendue, en partenariat avec le groupe de luxe suisse <a href="https://www.lofficiel.com/industry-trends/le-digital-booste-la-croissance-du-groupe-richemont" target="_blank">Richemont</a>.

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Emily in Paris&nbsp;parvient &agrave; rire de nombreux clich&eacute;s, mais la s&eacute;rie parle avant tout de ce que cela signifie de se sentir comme un outsider au sein d&rsquo;une industrie, avec un point de vue et une attitude en marge des autres. Que vous inspire ce sentiment ? 
LILY COLLINS :&nbsp;Chaque fois que je commence un nouveau tournage sur un plateau de cin&eacute;ma ou de t&eacute;l&eacute;vision, je me sens toujours un peu comme &ccedil;a, comme un poisson hors de l&rsquo;eau. C&rsquo;est le fait d&rsquo;&ecirc;tre dans un nouvel environnement, de ne conna&icirc;tre personne et de devoir montrer aux autres ce qu&rsquo;on a dans le ventre. C&rsquo;&eacute;tait int&eacute;ressant de jouer une jeune femme confront&eacute;e &agrave; une autre culture que la sienne, une femme qui doit s&rsquo;adapter tout en restant elle-m&ecirc;me. Je pense que beaucoup de gens peuvent s&rsquo;identifier au fait de ne pas vouloir compromettre leur int&eacute;grit&eacute; juste pour rentrer dans des cases. 
ALBER ELBAZ :&nbsp;Pour moi, Emily est une Cendrillon des temps modernes, et elle m&rsquo;a rappel&eacute; un peu&nbsp;Pretty Woman&nbsp;&ndash; un film que j&rsquo;ai par ailleurs vu 55 fois. En fin de compte, cette s&eacute;rie prouve que cela vaut la peine d&rsquo;&ecirc;tre gentil. Parce que tu aurais pu &ecirc;tre une salope, Lily, et ce serait bien aussi, mais tu ne l&rsquo;as pas &eacute;t&eacute;. En tant qu&rsquo;Emily, tu &eacute;tais une bonne fille avec de bonnes valeurs. Une fille qui ne comprenait pas pourquoi les gens ne souhaitaient pas communiquer avec elle ou bien feignaient de ne pas la comprendre. Mais cette s&eacute;rie, c&rsquo;est aussi le r&eacute;cit d&rsquo;un choc culturel. Cela me fait penser aux immigr&eacute;s. J&rsquo;ai &eacute;t&eacute; un immigr&eacute; plusieurs fois dans ma vie : je suis n&eacute; au Maroc, j&rsquo;ai grandi en Isra&euml;l, puis je me suis install&eacute; aux &Eacute;tats-Unis. &Agrave; New York, j&rsquo;avais un appartement minuscule et deux colocataires, dont l&rsquo;un s&rsquo;appelait Muffin. Oui, Muffin. Il fallait voir New York de ses propres yeux &agrave; l&rsquo;&eacute;poque pour comprendre tout cela, et quand je suis arriv&eacute;, je n&rsquo;&eacute;tais pas juste un &eacute;tranger &agrave; New York &ndash; je n&rsquo;&eacute;tais personne.

Personne n&rsquo;a vu venir le succ&egrave;s de la s&eacute;rie, et Lily, c&rsquo;est de loin votre r&ocirc;le le plus populaire &agrave; ce jour. Je me demande, Alber, si vous avez v&eacute;cu un moment &agrave; la Emily in Paris au cours de votre longue carri&egrave;re? 
AE :&nbsp;Une fois, lorsque j&rsquo;&eacute;tais &agrave; New York, je suis tomb&eacute; sur un magnifique bouquet de roses, et j&rsquo;ai dit :&nbsp;&ldquo;Waow, elles sont superbes.&rdquo;&nbsp;Le fleuriste a simplement r&eacute;torqu&eacute;&nbsp;&ldquo;18 dollars&rdquo;, alors que je ne lui avais m&ecirc;me pas demand&eacute; le prix. Des mois plus tard, alors que j&rsquo;&eacute;tais &agrave; Paris, je tombe sur un autre fleuriste,&nbsp;&ldquo;Waow, ces roses sont magnifiques.&rdquo; &ldquo;Elles s&rsquo;appellent Piaget,&nbsp;a-t-il r&eacute;pondu.&nbsp;Et elles ne poussent qu&rsquo;une fois par an. Sentez-les. Elles poussent au soleil !&rdquo;&nbsp;J&rsquo;ai fini par demander&nbsp;&ldquo;Combien co&ucirc;tent-elles?&rdquo;&nbsp;et il m&rsquo;a r&eacute;pondu&nbsp;&ldquo;Nous ne sommes pas s&ucirc;rs du prix.&rdquo;&nbsp;Ce sont ces petites nuances qui d&eacute;voilent les diff&eacute;rences entre les gens, les villes et les cultures. &Agrave; Paris, on a invent&eacute; le parfum, donc on a toujours ce sentiment particulier de r&ecirc;ver quand on s&rsquo;y rend. Je me souviens toujours de ce que ma m&egrave;re me disait &agrave; propos du parfum :&nbsp;&ldquo;Sens-le, mais ne le bois jamais.&rdquo; 
LC :&nbsp;Peut-on vraiment abuser des bonnes choses? 
AE :&nbsp;Oui, et cela s&rsquo;applique aussi au succ&egrave;s. Je pense que l&rsquo;un des plus grands dangers du succ&egrave;s, c&rsquo;est quand on commence &agrave; croire qu&rsquo;on est bien trop fabuleux, qu&rsquo;on est plus grand que nature. Je ram&egrave;ne le succ&egrave;s toujours &agrave; cette anecdote du parfum. Je me dis :&nbsp;&ldquo;Ne bois pas le parfum. Sens-le, tout simplement.&rdquo;

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De fa&ccedil;on presque simultan&eacute;e, vous tournez tous les deux les pages de deux grands chapitres de votre vie. Lily, votre nouveau film,&nbsp;Mank,&nbsp;r&eacute;alis&eacute; par David Fincher, sort en avant-premi&egrave;re sur Netflix ce mois- ci, tandis qu&rsquo;Alber, vous travaillez actuellement sur le lancement d&rsquo;AZ Fashion, votre nouveau projet de mode en partenariat avec Richemont. O&ugrave; en &ecirc;tes-vous actuellement, tous les deux, sur le plan &eacute;motionnel? 
LC :&nbsp;Jamais je n&rsquo;aurais os&eacute; esp&eacute;rer qu&rsquo;un jour je serais amen&eacute;e &agrave; travailler avec David. L&rsquo;id&eacute;e qu&rsquo;il ait cru en moi pour incarner ce personnage et faire partie d&rsquo;un film de ce calibre a &eacute;t&eacute; une v&eacute;ritable chance. David est un g&eacute;nie : en tant que r&eacute;alisateur, il sait exactement ce qu&rsquo;il veut et comment l&rsquo;obtenir, mais il est &eacute;galement ouvert &agrave; la collaboration. Il vous respecte, alors que vous-m&ecirc;me &ndash; et toute l&rsquo;&eacute;quipe du tournage &ndash; le v&eacute;n&eacute;rez comme un dieu. Quand vous participez &agrave; ce genre d&rsquo;exp&eacute;rience, cela met la barre plus haut que ce que vous n&rsquo;aviez os&eacute; imaginer avant. Nous avons tourn&eacute; ce film en m&ecirc;me temps que les &eacute;pisodes d&rsquo;Emily,&nbsp;donc le contraste &eacute;tait flagrant. Passer des couleurs vives au noir et blanc, de l&rsquo;humour pop au drame sto&iuml;que, c&rsquo;&eacute;tait un vrai d&eacute;fi. &Agrave; force de faire des allers-retours entre Paris et Los Angeles, j&rsquo;&eacute;tais &eacute;puis&eacute;e, mais si &eacute;panouie sur le plan cr&eacute;atif! 
AE :&nbsp;Je pense que la page blanche est la chose la plus effrayante &agrave; affronter pour un artiste. Je ne sais pas comment c&rsquo;est avec le m&eacute;tier d&rsquo;acteur, Lily, mais j&rsquo;ai l&rsquo;impression que parfois ce que je fais ressemble presque &agrave; un accouchement. &Ccedil;a commence et tu n&rsquo;es plus en mode&nbsp;&ldquo;Oh, waow, la vie est magnifique&rdquo;, mais plut&ocirc;t du genre&nbsp;&ldquo;A&iuml;e, a&iuml;e, a&iuml;e.&rdquo;&nbsp;Mais ensuite, on accouche et on oublie la douleur. [Apr&egrave;s Lanvin], j&rsquo;ai d&eacute;cid&eacute; de ne plus faire de la mode pendant quelques ann&eacute;es parce que je n&rsquo;&eacute;tais plus passionn&eacute; par cette industrie. En m&ecirc;me temps, c&rsquo;est la seule chose que je sais faire. Je ne sais m&ecirc;me pas conduire une voiture, donc je ne pourrais m&ecirc;me pas &ecirc;tre chauffeur de taxi! Des grandes maisons de couture me proposaient une myriade d&rsquo;opportunit&eacute;s, et pourtant, sans vouloir &ecirc;tre une diva, je sentais que quelque chose me retenait. J&rsquo;ai alors commenc&eacute; &agrave; donner des cours. Je suis all&eacute; dans toutes les grandes &eacute;coles du monde entier pour comprendre vers o&ugrave; le monde allait &ndash; c&rsquo;&eacute;tait avant la Covid-19, bien s&ucirc;r. Puis j&rsquo;ai sign&eacute; avec Richemont, et j&rsquo;ai lanc&eacute; cette nouvelle start-up. 
LC :&nbsp;Tout d&rsquo;abord, f&eacute;licitations, c&rsquo;est tellement excitant! Il y a tr&egrave;s peu de choses que l&rsquo;on sait &agrave; ce sujet, alors je suis curieuse... Que pouvez-vous d&eacute;j&agrave; d&eacute;voiler? 
AE :&nbsp;Il y a une grande diff&eacute;rence entre cr&eacute;er et recr&eacute;er, et autrefois mon travail consistait souvent non seulement &agrave; recr&eacute;er mais aussi &agrave; remplacer. Cette fois-ci, j&rsquo;ai voulu repartir de z&eacute;ro. J&rsquo;observe les femmes depuis cinq ans, je prends note de tout ce qu&rsquo;elles vivent au quotidien, des changements dans leur vie. J&rsquo;ai toujours dit que si j&rsquo;&eacute;tais un jour producteur &agrave; Hollywood, le prochain James Bond serait Jane Bomb, et elle ne serait pas une ex-mannequin. Elle serait une femme intelligente qui n&rsquo;a pas d&rsquo;&acirc;ge, parce que cela n&rsquo;a aucune importance, vraiment. En regardant la vie des femmes d&rsquo;aujourd&rsquo;hui, on peut voir leurs multiples facettes, celle de la bonne&nbsp;m&egrave;re, la bonne &eacute;pouse, la bonne coll&egrave;gue de travail, etc. J&rsquo;ai r&eacute;alis&eacute; que je devais commencer &agrave; travailler sur une collection utile au quotidien des femmes, c&rsquo;est donc dans cette optique que je travaille maintenant. Je prends en compte les nouvelles technologies, mais j&rsquo;essaie aussi d&rsquo;aller au-del&agrave; des apparences et du simple fait de cr&eacute;er une belle collection. J&rsquo;essaie d&rsquo;&eacute;couter les femmes pour voir ce que je peux faire pour les aider &agrave; r&eacute;aliser leurs r&ecirc;ves, parce qu&rsquo;en fin de compte, nous ne vivons pas dans un monde d&rsquo;oppos&eacute;s, qui serait uniquement fait soit de donn&eacute;es et d&rsquo;algorithmes, soit d&rsquo;instincts et d&rsquo;&eacute;motions. Nous pouvons unir ses deux oppos&eacute;s, comme le yin et le yang. Ce n&rsquo;est pas l&rsquo;un ou l&rsquo;autre, mais les deux ensemble.

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Chemise, TOD’S. Jupe, CO.

Qu&rsquo;est-ce que cela fait de travailler sur des projets aussi remarquables alors que nous n&rsquo;avons jamais &eacute;t&eacute; aussi &eacute;loign&eacute;s de la r&eacute;alit&eacute; telle que nous l&rsquo;avons connue? 
LC :&nbsp;En tant qu&rsquo;actrice c&rsquo;est tr&egrave;s int&eacute;ressant de sortir une nouvelle s&eacute;rie en plein confinement. En fait, j&rsquo;ai ador&eacute;, mais c&rsquo;&eacute;tait vraiment tr&egrave;s diff&eacute;rent de tout ce que j&rsquo;ai connu jusqu&rsquo;&agrave; pr&eacute;sent. Ma vie sociale d&rsquo;actrice me manque : faire des photos et rencontrer des gens passionnants, mais c&rsquo;est fantastique de constater &agrave; quel point&nbsp;Emily&nbsp;a apport&eacute; des moments de bonheur et des fous rires &agrave; tant de spectateurs, c&rsquo;est arriv&eacute; pile au moment o&ugrave; nous en avions le plus besoin. En ce qui me concerne, le confinement a &eacute;t&eacute; un excellent moyen de s&eacute;parer le travail et la vie priv&eacute;e et de retrouver un bon &eacute;quilibre. Je me suis fianc&eacute;e pendant le confinement, et m&ecirc;me si&nbsp;Mank&nbsp;va sortir sur Netflix, je ne suis pas partie en promo, comme je l&rsquo;aurais sans doute fait en p&eacute;riode normale. J&rsquo;ai parl&eacute; &agrave; la presse de ce film qui me passionne tant, mais depuis chez moi sur mon ordinateur, puis aller promener mon chien juste apr&egrave;s mes interviews. Je compte sur mes amis et ma famille et, dans une certaine mesure, sur moi-m&ecirc;me pour faire en sorte que je garde les pieds sur terre si jamais je me retrouve &agrave; vouloir &ldquo;boire du parfum&rdquo;. 
AE :&nbsp;Le quotidien &agrave; l&rsquo;heure de la Covid-19 est vraiment difficile &agrave; vivre. Qui aurait cru que nous devrions porter des masques pour sortir un jour et que nous nous laverions les mains avec de l&rsquo;alcool? Ce qui me manque le plus en ce moment, c&rsquo;est recevoir un hug et en donner un en retour. Me poser dans un caf&eacute; ne me manque pas vraiment, mais le contact physique et humain, oui. Je suis un grand hypocondriaque, donc cette p&eacute;riode n&rsquo;a pas &eacute;t&eacute; facile &agrave; vivre pour moi. Pourtant, je pense que ce moment exceptionnel va aussi nous apprendre beaucoup de choses. C&rsquo;est une sorte de detox qui nous oblige non seulement &agrave; changer, mais &agrave; changer plus rapidement. 
LC :&nbsp;C&rsquo;est une v&eacute;ritable crise existentielle que nous sommes en train de vivre. Cela peut sembler angoissant, surtout quand on doit se limiter au m&ecirc;me espace de vie tous les jours, car cela nous force &agrave; nous confronter &agrave; nos craintes comme jamais auparavant, et &agrave; nous poser les bonnes questions sur le pr&eacute;sent et le futur. Qui suis- je? Qu&rsquo;est-ce que je veux accomplir dans la vie? Qu&rsquo;est-ce qui me rend heureux? C&rsquo;est aussi un moment propice pour d&eacute;cortiquer le pr&eacute;sent et parler de choses essentielles, je pense notamment &agrave; Black Lives Matter, ou &agrave; la r&eacute;cente &eacute;lection pr&eacute;sidentielle. On a eu tellement de temps libre pour se poser les bonnes questions que je pense qu&rsquo;on conna&icirc;tra une v&eacute;ritable Renaissance apr&egrave;s tout cela, car les gens meurent d&rsquo;envie d&rsquo;&ecirc;tre cr&eacute;atifs. 
AE :&nbsp;J&rsquo;ai r&eacute;cemment lu un article dans lequel l&rsquo;acteur Roberto Benigni affirmait que la pauvret&eacute; &eacute;tait en fait un atout. Je pense que nous ressentons tous une sorte de pr&eacute;carit&eacute; &eacute;motionnelle aujourd&rsquo;hui parce que nous sommes priv&eacute;s de notre entourage proche, nos amis, notre famille, nos coll&egrave;gues de travail, etc. Lily, le fait que vous ayez rencontr&eacute; l&rsquo;amour de votre vie pendant le confinement est tellement symbolique parce que vous vous &ecirc;tes rencontr&eacute;s quand vous &eacute;tiez vraiment vous-m&ecirc;mes! Sans artifices.&nbsp; 
LC :&nbsp;Ce qui est int&eacute;ressant, c&rsquo;est que Charlie [McDowell] et moi nous sommes rencontr&eacute;s juste avant&nbsp;Emily in Paris,&nbsp;et nous nous sommes fianc&eacute;s en septembre. J&rsquo;ai l&rsquo;impression que le confinement a soit renforc&eacute; soit bris&eacute; des liens. En ce qui nous concerne, le temps pass&eacute; confin&eacute;s ensemble n&rsquo;a fait que renforcer ce que nous&nbsp;ressentions d&eacute;j&agrave; l&rsquo;un pour l&rsquo;autre. Comme vous venez de si bien le dire, l&rsquo;heure est &agrave; l&rsquo;introspection. Nous sommes tous en train de revenir &agrave; l&rsquo;essentiel, en dehors des diktats de la soci&eacute;t&eacute;. &Ecirc;tre t&eacute;moin du meilleur et du pire d&rsquo;une personne qu&rsquo;on aime et toujours rester &agrave; ses c&ocirc;t&eacute;s : je pense que c&rsquo;est une chose magnifique. 
AE :&nbsp;Lily, vous savez, j&rsquo;ai cr&eacute;&eacute; 32 robes de mari&eacute;e. 
LC : Mais non! 
AE :&nbsp;Pour 32 femmes &agrave; ce jour, et 31 sont toujours mari&eacute;s. 
LC :&nbsp;Oh, mon Dieu. 
AE :&nbsp;Vous devriez m&rsquo;appeler quand vous aurez besoin d&rsquo;une robe!

Pour finir, est-ce qu&rsquo;il y a une question que l&rsquo;un de vous voudrait poser ? 
LC :&nbsp;Alber, je sais que commencer une nouvelle aventure comme la v&ocirc;tre peut &ecirc;tre stressant, mais vous devez aussi &ecirc;tre sacr&eacute;ment enthousiaste. L&rsquo;&ecirc;tes-vous ? 
AE :&nbsp;Je suis s&ucirc;r qu&rsquo; il y a des moments o&ugrave; vous &ecirc;tes en plein tournage et o&ugrave; vous &ecirc;tes entour&eacute;e de tous ces gens qui vous disent&nbsp;:&nbsp;&ldquo;Oh, waow, c&rsquo;est incroyable.&rdquo;&nbsp;Mais est-ce&nbsp;vraiment&nbsp;incroyable? Est-ce que les gens vont comprendre ? Est-ce qu&rsquo;ils vont adorer ? Parce que la question n&rsquo;est pas s&rsquo;ils vont aimer le projet en soi, mais s&rsquo;ils vont&nbsp;nous&nbsp;aimer. Nous sommes devenus la raison d&rsquo;&ecirc;tre de tout ce que nous faisons. Alors oui, je suis tr&egrave;s, tr&egrave;s enthousiaste. Vous savez, je ne suis pas du genre &agrave; partir en vacances. Je d&eacute;teste les vacances. La plage, les bateaux. Alors le premier jour o&ugrave; je suis arriv&eacute; dans mon nouveau bureau, j&rsquo;ai dit :&nbsp;&ldquo;Mon Dieu, mon premier jour de vacances vient de commencer.&rdquo; 
LC :&nbsp;Quelle belle fa&ccedil;on de voir les choses! Vous savez que vous &ecirc;tes l&rsquo;un des cr&eacute;ateurs les plus aim&eacute;s, et tout le monde vous encourage. Vous avez parl&eacute; d&rsquo;Emily comme ce personnage si gentil et chaleureux, qui reste elle-m&ecirc;me, mais vous &ecirc;tes comme cela, Alber. Avec tous les obstacles qui se sont pr&eacute;sent&eacute;s &agrave; vous, vous avez su rester fid&egrave;le &agrave; vous-m&ecirc;me. J&rsquo;ai tellement h&acirc;te de d&eacute;couvrir votre nouveau projet, parce que vous faites toujours en sorte que les femmes se sentent fortes et bien dans leur peau.

&nbsp;

Hairstyilist Kylee Heath 
Makeup Artist Fiona Styles avec @ Lanc&ocirc;me&nbsp; 
Traduction&nbsp;Elisabeta Tudor

À la plage avec Lily Collins ("Emily in Paris"), en conversation avec Alber Elbaz

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