Né aux Etats-Unis (Louisiane), formé à Princeton, installé à Londres, Aaron Cezar, directeur-fondateur de la Delfina Foundation (établie à Londres en 2007), promeut avec vigueur et originalité ce lieu d’échanges et d’expérimentations artistiques. Pour L’Officiel Art, il livre les expositions et pavillons qui ont particulièrement retenu son attention.

En tant que directeur de la Delfina Foundation (Londres), mon exp&eacute;rience de la Biennale de Venise est souvent influenc&eacute;e par les probl&eacute;matiques que nous explorons dans le cadre de notre travail institutionnel, mais aussi par le travail de nos anciens artistes en r&eacute;sidence. Quatorze d&rsquo;entre eux ont particip&eacute; &agrave; la Biennale de Venise, dont Hassan Khan qui a remport&eacute; le Lion d&rsquo;argent 2017 du jeune artiste prometteur pour sa pi&egrave;ce &ldquo;Composition for a Public Park&rdquo;, expos&eacute;e &agrave; l&rsquo;Arsenal.

Ma s&eacute;lection fait la part belle &agrave; des expositions et &agrave; des pavillons situ&eacute;s en dehors des Giardini et de l&rsquo;Arsenal, afin de leur donner un peu de visibilit&eacute;. Certaines expositions, accueillent des artistes avec lesquels la Delfina Foundation a travaill&eacute; par le pass&eacute;. J&rsquo;admets volontiers un certain favoritisme &agrave; leur &eacute;gard&nbsp;!

Le Pavillon irakien pr&eacute;sente &ldquo;Archa&iuml;c&rdquo;, une exposition qui explore le rapport qui s&rsquo;&eacute;tablit entre l&rsquo;h&eacute;ritage antique de ce pays, d&rsquo;une part, et d&rsquo;autre part sa politique et sa soci&eacute;t&eacute; actuelles. En plus des &oelig;uvres contemporaines, on y verra donc des objets datant de l&rsquo;Antiquit&eacute;. Pr&eacute;sent&eacute;s &agrave; part dans des vitrines th&eacute;matiques, les &oelig;uvres d&rsquo;artistes irakiens contemporains sont class&eacute;es en cat&eacute;gories aussi diverses que l&rsquo;eau, la terre, la chasse, l&rsquo;&eacute;criture, la musique, le conflit et l&rsquo;exode. Par ailleurs, Francis Al&yuml;s a r&eacute;alis&eacute; pour l&rsquo;exposition une &oelig;uvre de commande qui, refl&eacute;tant son exp&eacute;rience sur la ligne de front de Mossoul, interroge le r&ocirc;le de l&rsquo;artiste en temps de guerre.

Ahmet &Ouml;ğ&uuml;t, elle aussi ancienne artiste en r&eacute;sidence de la Delfina Foundation, a con&ccedil;u pour le Pavillon du NSK une installation qui traite de questions li&eacute;es &agrave; l&rsquo;Etat, &agrave; la citoyennet&eacute;, &agrave; la migration et aux fronti&egrave;res nationales. Fond&eacute; en 1992 par le collectif d&rsquo;artistes Neue Slowenische Kunst, &ldquo;NSK State in Time&rdquo; est une formation utopique, sans territoire physique ni identification &agrave; un Etat-nation existant. Pour acc&eacute;der au pavillon, les visiteurs doivent emprunter une rampe raide afin de d&eacute;couvrir le mat&eacute;riel de l&rsquo;exposition&nbsp;: vid&eacute;os, r&eacute;ponses des contributeurs &agrave; une liste de questions, dessins r&eacute;alis&eacute;s par les d&eacute;l&eacute;gu&eacute;s NSK, tout cela &eacute;tablissant un parall&egrave;le entre p&eacute;nibilit&eacute; physique et politique actuelle. Apr&egrave;s avoir grimp&eacute; la pente, on arrive &agrave; une installation bureaucratique o&ugrave; des passeports de l&rsquo;Etat NSK sont d&eacute;livr&eacute;s &agrave; quiconque souhaite faire partie de cette communaut&eacute; utopique.

Dans le Pavillon de la Diaspora, Hew Locke &ndash; encore une ancienne de la Delfina &ndash; pr&eacute;sente une &oelig;uvre de commande intitul&eacute;e &ldquo;On the Tethys Sea&rdquo;, un ensemble de voiliers miniatures, d&eacute;cor&eacute;s de talismans, de chutes de laiton, de pi&egrave;ces de m&eacute;tal, de tissus et de fleurs artificielles, sans &eacute;quipage ni passagers visibles. Ces vaisseaux fant&ocirc;mes, suspendus dans les airs et charg&eacute;s de r&eacute;f&eacute;rences mythologiques, permettent au visiteur d&rsquo;&eacute;voluer entre eux et refl&egrave;tent la crise migratoire en cours aussi bien que la diaspora historique.

Shezad Dawood, ancien artiste en r&eacute;sidence de la Delfina Foundation, a d&eacute;voil&eacute; deux &eacute;pisodes de sa nouvelle &oelig;uvre &ldquo;Leviathan&rdquo;, vision apocalyptique de la migration, des activit&eacute;s humaines et de la pr&eacute;servation des oc&eacute;ans. L&rsquo;&oelig;uvre compl&egrave;te consistera en un groupe de dix films m&ecirc;lant des extraits de films documentaires &agrave; diverses nouvelles sources. Les autres films de &ldquo;Leviathan&rdquo; seront pr&eacute;sent&eacute;s un peu partout dans le monde d&rsquo;ici &agrave; 2020.

En guise de contribution &agrave; la Biennale de Venise, le mus&eacute;e des Beaux-Arts de Taipei pr&eacute;sente l&rsquo;exposition de Tehching Hsieh intitul&eacute;e &ldquo;Doing Time&rdquo;. Parmi les nombreux documents, vid&eacute;os, photographies et objets li&eacute;s &agrave; ses remarquables performances sur la dur&eacute;e, &ldquo;One Year Performance 1981-1982&rdquo; m&eacute;rite une attention toute particuli&egrave;re. Pendant toute une ann&eacute;e, Hsieh a v&eacute;cu en ext&eacute;rieur, sans abri, compl&eacute;tement seul et vuln&eacute;rable avec son appareil photo, sa lampe torche, sa radio et du linge de rechange. Eprouvant ainsi ses limites &agrave; une &eacute;poque o&ugrave; lui-m&ecirc;me &eacute;tait un sans-papiers, il fait entendre dans cette &oelig;uvre exceptionnelle une r&eacute;flexion sur la vie, l&rsquo;art, l&rsquo;existence humaine et les diverses mani&egrave;res dont on peut contr&ocirc;ler le temps et la nature.

L&rsquo;exposition solo de James Richards, contribution du Pays de Galles &agrave; la Biennale de Venise, est un tr&egrave;s bel exemple d&rsquo;art in situ. A Santa Maria Ausiliatrice, il pr&eacute;sente &ldquo;Migratory Motor Complex&rdquo;, une installation de commande &eacute;lectro-acoustique &agrave; six pistes qui occupe l&rsquo;espace principal de cette &eacute;glise-couvent. Cette &oelig;uvre sonore multisensorielle se d&eacute;place autour du public pour cr&eacute;er un collage entrem&ecirc;lant enregistrements de terrain, extraits vocaux ou musicaux et sons &eacute;lectroniques. L&rsquo;exposition se prolonge avec un livre, des vid&eacute;os muettes, des images et une all&eacute;chante vid&eacute;o (r&eacute;alis&eacute;e avec Steve Reinke), &ldquo;What Weakens The Flesh Is The Flesh Itself&rdquo;.

Enfin, Thomas Demand, lui aussi ancien artiste en r&eacute;sidence &agrave; la Delfina, participe &agrave; l&rsquo;exposition ph&eacute;nom&eacute;nale &ldquo;The Boat is Leaking, The Captain Lied&rdquo; pr&eacute;sent&eacute;e &agrave; la Fondation Prada. Une s&eacute;rie de photographies figurant des sc&egrave;nes reconstitu&eacute;es dialogue avec des &oelig;uvres d&rsquo;Alexander Kluge ou la pratique sc&eacute;nographique d&rsquo;Anna Viebrock. La combinaison des &oelig;uvres et du design de l&rsquo;exposition cr&eacute;e une exp&eacute;rience visuelle et spatiale inoubliable.&nbsp;

&nbsp;

&Agrave; VOIR&nbsp;:

Biennale de Venise, du 13 mai au 26 novembre. 
Delfina Foundation, 29-31 Catherine Pl, Victoria, Londres SW1E 6DY, UK

<a href="http://delfinafoundation.com">delfinafoundation.com</a>

Pavillon de l’Irak, exposition "Arcaic". Courtesy Ruya Foundation.

Pavillon de l’Irak, exposition "Arcaic", Objet de mesure en forme de canard, antiquité babylonienne, 2 000 ans avant notre ère. Courtesy Iraq Museum, Department of Antiquities; Ministry of Culture, Tourism and Antiquities; and Ruya Foundation.

Pavillon de l’Irak, exposition "Arcaic", Statuette, supposée représenter une déesse de la fertilité, 6 000 ans avant notre ère. Courtesy Iraq Museum, Department of Antiquities; Ministry of Culture, Tourism and Antiquities; and Ruya Foundation.

Pavillon de l’Irak, exposition "Arcaic", Bateau, ère sumérienne, 4 000 ans avant notre ère, argile. Courtesy Iraq Museum, Department of Antiquities; Ministry of Culture, Tourism and Antiquities; and Ruya Foundation.

Pavillon de l’Irak, exposition "Arcaic", Francis Alÿs, Untitled (from the Mosul series), 2016. Courtesy the artist and Ruya Foundation © Francis Alÿs.

Pavillon de l’Irak, exposition "Arcaic", Ali Arkady, The Land Beyond War, 2017, Photograph from photobook project. Courtesy the artist and Ruya Foundation © Ali Arkady.

Pavillon de l’Irak, exposition "Arcaic", Luay Fadhil, The Scribe, 2017. Courtesy the artist and Ruya Foundation © Luay Fadhil.

Pavillon de l’Irak, exposition "Arcaic", Nadine Hattom, Until the River Winds Ninety Degrees West, 2017. Courtesy the artist and Ruya Foundation © Nadine Hattom.

Pavillon de l’Irak, exposition "Arcaic", Sadik Kwaish Alfraji, "I am The Hunter, I am The Prey", 2017. Courtesy the artist and Ruya Foundation © Sadik Kwaish Alfraji.

Pavillon de l’Irak, exposition "Arcaic", Sadik Kwaish Alfraji, "About Hunt, About Human", 2017. Courtesy the artist and Ruya Foundation © Sadik Kwaish Alfraji.

Pavillon de l’Irak, exposition "Arcaic", Sakar Sleman, dessin préparatoire, 2017. Courtesy the artist and Ruya Foundation © Sakar Sleman.

 Pavillon de l’Irak, exposition "Arcaic", Sherko Abbas, The Music of the Bush Era, 2017. Courtesy the artist and Ruya Foundation © Sherko Abbas.

Pavillon de l’Irak, exposition "Arcaic" Jewad Selim (1919-1961) Pastoral,1955. Courtesy of the family of Mohamed Makiya and Ruya Foundation © Jewad Selim.

Pavillon de l’Irak, exposition "Arcaic" Shakir Hassan Al Said, Untitled, 1999. Courtesy of Saleh Barakat Gallery/Agial Art Gallery and Ruya Foundation © Shakir Hassan Al Said.

Pavillon du NSK, Ahmet Öğüt, idées et dessins préliminaires pour le pavillon du NSK. Courtesy the artist and NSK State Pavilion, 2016-2017.

Pavillon du NSK, NSK State Passports. Courtesy NSK State Pavilion.

 Pavillon du NSK, vue de l’exposition. Photo Maria Giulia Sofi.

 Hew Locke, Beyond the Sea Wall, 2014, vue de l’installation à la galerie Hales de Londres.

Shezad Dawood, Leviathan, Episode 1: Ben , 2017. Courtesy of the artist and UBIK Productions.

Shezad Dawood, Leviathan, Episode 2: Yasmine, 2017. Courtesy of the artist and UBIK Productions.

Shezad Dawood, Where are we now?, 2017. Courtesy of the artist and Leviathan - Human & Marine Ecology. Photo Gianmaria De Luca.

Shezad Dawood, Wallet in dark leather with "100% Pure Leather" mark, containing discolored passport photos, 2017. Courtesy of the artist and Leviathan - Human & Marine Ecology.

James Richards, Music for the gift, 2017. Archive image courtesy The Schwules Museum*, Berlin.

James Richards and Steve Reinke, What weakens the flesh is the flesh itself, 2017. Courtesy James Richards and Steve Reinke and Wales, Venice.

James Richards, Migratory Motor Complex, 2017. Courtesy Wales in Venice. Photo Jamie Woodley.

James Richards and Steve Reinke, What weakens the flesh is the flesh itself, 2017. Courtesy Wales in Venice. Photo Jamie Woodley.

“The Boat is Leaking. The Captain Lied.” Fondation Prada, Venise. Alexander Kluge, Die sanfte Schminke des Lichts, 2007 ; Anna Viebrock, Passatoie, 2009 ; Anna Viebrock, Quattro porte, 2017. Photo Delfino Sisto Legnani e Marco Cappelletti. Courtesy Fondazione Prada. 

“The Boat is Leaking. The Captain Lied.” Fondation Prada, Venise. Thomas Demand,Backyard, 2014. Photo Delfino Sisto Legnani e Marco Cappelletti. Courtesy Fondazione Prada. 

The Boat is Leaking. The Captain Lied.” Fondation Prada, Venise. Anna Viebrock, Pio Albergo Trivulzio, 2017; Alexander Kluge, Film program on 16 tablets, 2017. Photo Delfino Sisto Legnani e Marco Cappelletti. Courtesy Fondazione Prada. 

“The Boat is Leaking. The Captain Lied.” Fondation Prada, Venise. Anna Viebrock, Pio Albergo Trivulzio, 2017 ; Alexander Kluge Film program on 16 tablets, 2017; Thomas Demand, Attraktion (Attraction), 2013. Photo Delfino Sisto Legnani e Marco Cappelletti. Courtesy Fondazione Prada. 

“The Boat is Leaking. The Captain Lied.” Fondation Prada, Venise. Anna Viebrock, Stage, 2017; Alexander Kluge, Terror = Furcht und Schrecken (Terror = Fear and Horror), 2017. Photo Delfino Sisto Legnani e Marco Cappelletti. Courtesy Fondazione Prada. 

“The Boat is Leaking. The Captain Lied.” Fondation Prada, Venise. Anna Viebrock, Display window passage, 2017 ; Anna Viebrock, Circus pedestal, 2017; Alexander Kluge, Four videos broadcasted simultaneously, 2017. Photo Delfino Sisto Legnani e Marco Cappelletti. Courtesy Fondazione Prada

 “The Boat is Leaking. The Captain Lied.” Fondation Prada, Venise. Vue de l’exposition. Photo Delfino Sisto Legnani e Marco Cappelletti. Courtesy Fondazione Prada. 

The Boat is Leaking. The Captain Lied.” Fondation Prada, Venise. Thomas Demand, Werkstatt (Workshop), 2017. Photo Delfino Sisto Legnani e Marco Cappelletti. Courtesy Fondazione Prada. 

The Boat is Leaking. The Captain Lied.” Fondation Prada, Venise. Thomas Demand, Printing Factory 56, 2015; Alexander Kluge, Fuchs in winterlichen Harz (Fox in winterly Harz Mountains), 2016; Thomas Demand, Farm 31, 2015. Photo Delfino Sisto Legnani e Marco Cappelletti. Courtesy Fondazione Prada. 

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