L’artiste Daniel Arsham a grandi à Miami où il fut témoin, enfant, des ravages de l’ouragan Andrew à l’été 1992. Cette confrontation aux effets dévastateurs des forces naturelles est le fil conducteur de son œuvre que nous pourrons découvrir ce printemps au Musée Territorial de Saint-Barth. Plongée dans la confusion temporelle...


Arsham l&rsquo;alchimiste explore des mat&eacute;riaux aussi&nbsp;divers que la poussi&egrave;re de roches, les cendres volcaniques ou le sable. La tonalit&eacute; monochrome de&nbsp;ses &oelig;uvres s&rsquo;explique en partie par une c&eacute;cit&eacute; partielle aux couleurs qui permet &agrave; l&rsquo;artiste d&rsquo;insister&nbsp;sur la qualit&eacute; formelle des objets. De nouvelles&nbsp;lunettes sp&eacute;ciales qui corrigent en partie sa c&eacute;cit&eacute;&nbsp;chromatique ont ouvert de nouveaux horizons &agrave;&nbsp;cet artiste faiseur de futur. &ldquo;J&rsquo;ai personnellement&nbsp;souffert de l&rsquo;ouragan Andrew qui a touch&eacute; Miami&nbsp;quand j&rsquo;&eacute;tais enfant. J&rsquo;ai vu ma maison et les b&acirc;timents autour de moi partir en lambeaux. Je m&rsquo;inspire souvent de cette exp&eacute;rience, de cette vision de&nbsp;tout une architecture qui s&rsquo;effondre, des murs et plafonds qui s&rsquo;&eacute;croulent. Bon nombre de mes &oelig;uvres semblent se d&eacute;composer, tomber en morceaux, mais on peut aussi penser qu&rsquo;elles sont en processus de recomposition. De mani&egrave;re g&eacute;n&eacute;rale, j&rsquo;aime d&eacute;tourner l&rsquo;usage des mat&eacute;riaux, comme un mur qui fond ou un ghetto-blaster en d&eacute;composition. Contrairement &agrave; l&rsquo;ouragan, je produis des &oelig;uvres qui manipulent l&rsquo;architecture, le temps et les mat&eacute;riaux tout en subtilit&eacute;, dans le calme et la lenteur.&rdquo;

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Avec ses 300000 followers sur Instagram, l&rsquo;artiste &eacute;volue &agrave; la&nbsp;crois&eacute;e des arts, tour &agrave; tour architecte, sculpteur, r&eacute;alisateur, sc&eacute;nographe... Apr&egrave;s ses &eacute;tudes, il cofonde The House, un centre d&rsquo;artistes autog&eacute;r&eacute;, et la galerie Pacemaker, qui deviennent des lieux cultes de la sc&egrave;ne &eacute;mergente de Miami. En 2005, il con&ccedil;oit le showroom Dior Homme de Los Angeles pour le designer Hedi Slimane. La m&ecirc;me ann&eacute;e, il rejoint l&rsquo;&eacute;curie du galeriste Emmanuel Perrotin, aux c&ocirc;t&eacute;s de Kaws, Jean-Michel Othoniel et Takashi Murakami. Puis il s&rsquo;associe avec Pharrell Williams pour recr&eacute;er, en cendres volcaniques, un clavier Casio MT-500, le premier instrument du chanteur. S&rsquo;int&eacute;ressant aussi &agrave; l&rsquo;aspect fonctionnel de l&rsquo;architecture, il a cofond&eacute; en 2007 le cabinet&nbsp;de design Snarkitecture. En quelques ann&eacute;es, il est devenu l&rsquo;un des artistes les plus prolifiques et les plus originaux de la sc&egrave;ne mondiale, poursuivant un travail esth&eacute;tique et profond sur les traces que nous laisserons dans quelques si&egrave;cles. Entre science et fiction, Arsham nous d&eacute;voile un peu de son projet. &ldquo;L&rsquo;ann&eacute;e derni&egrave;re, j&rsquo;ai pass&eacute; du temps &agrave; Saint-Barth alors que je pr&eacute;parais mon exposition &agrave; l&rsquo;Eden Rock. Je sortais beaucoup la nuit et j&rsquo;ai pris des photos de l&rsquo;&icirc;le, des &eacute;toiles et de la lune. Je propose des &oelig;uvres ax&eacute;es&nbsp;sur cette id&eacute;e de lune, de mettre de la couleur sur la lune. Dans mes pr&eacute;c&eacute;dentes expositions, on a pu retrouver des jardins japonais destin&eacute;s &agrave; &ecirc;tre regard&eacute;s dans le noir, la nuit tomb&eacute;e, et &eacute;clair&eacute;s par la lune. Je rassemble ces &oelig;uvres qui &eacute;voquent des concepts tels que les voyages dans l&rsquo;espace, les exoplan&egrave;tes, le temps, tout cela int&eacute;gr&eacute; &agrave; ces jardins japonais. J&rsquo;ai aussi produit des peintures de sable (Sand Paintings). Ce sont des repr&eacute;sentations statiques des m&ecirc;mes motifs et formes que l&rsquo;on retrouve dans les jardins zen japonais ou les mandalas classiques. Ils agissent comme une version de quelque chose qui semble temporaire voire &eacute;ph&eacute;m&egrave;re. J&rsquo;applique des traitements de couleurs vives au Sand Paintings en r&eacute;f&eacute;rence au monde que je cr&eacute;e autour de mes jardins zen en sable subtilement d&eacute;tourn&eacute;s. Ils jouent sur le lien entre permanence et impermanence...&rdquo; Une po&eacute;sie de l&rsquo;arch&eacute;ologie du futur offerte aux habitants et visiteurs de Saint-Barth jusqu&#39;&agrave; fin juin, au Mus&eacute;e Territorial.&nbsp;

Daniel Arsham est au Musée de Saint-Barth

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